Rendez-nous la République !

On a donc vu Hollande et sa triste clique se réclamer de Jaurès la bouche en cœur. « Aujourd’hui, Jaurès serait social-libéral » a cru bon de déclarer l’actuel député PS du Tarn. Récupération de cadavre. Jaurès affirmait que la République française est indissociable de la justice sociale, ce qui ne sonne pas très solférinien…

« Je n’ai jamais séparé la République des idées de justice sociale, sans lesquelles elle n'est qu'un vain mot », voilà ce qu’est le socialisme. « Le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale. » 

Ce n’est pas pour faire joli qu’on lit Liberté – Egalité – Fraternité sur nos édifices publics ; la République n’est pas un régime neutre ni un machin consensuel à la sauce hollandaise ; elle aspire fondamentalement à l’équité, ce qui ne semble pas être la préoccupation première d’un gouvernement social-libéral pro-MEDEF. Le socialisme et la République n’ont rien à voir avec le libéralisme et l’accumulation des richesses dans les mains de quelques-uns. 

Jaurès, c'est pas Solférino !

Ainsi, à grands coups d’austérité et d’immobilisme, les solfériniens travestissent tout à la fois le socialisme ET la République, en vidant l’un et l’autre de leur substantifique moelle. Dès lors, les fascistes de tous poils ont le champ libre pour crier à la « Ripou-blique », puisque l’idéal républicain ne signifie plus rien. Le PS leur sert la « Gueuse » sur un plateau. 

On sait ce que les bruns feraient de la France : une anti-République adepte de la libre concurrence entre les individus et les peuples, et fière de ses valeurs chrétiennes par-dessus le marché ! Il n’y a qu’à voir comment sont traités les pauvres et stigmatisés les enfants dans les actuelles municipalités FN. Autre chose : ces vils sophistes prétendent se battre au nom de la laïcité tout en voulant re-christianiser la France… Ils s’affirment partisans de la République tout en la condamnant ! 

Naturellement, le PS compte sur la présence de l'extrême droite au second tour en 2017 afin de conserver son piètre trône. De trop nombreux électeurs semblent prêts à jouer le jeu, oubliant qu’il existe une troisième voie consistant à renverser ce trône !

   
Il faut en finir avec les monarques soi-disant « républicains » prenant des décisions anti-sociales (et donc anti-républicaines) dans leur palais. Il s’agit d’avoir l’audace d’une 6^ème République (la 5^ème République date de… 1958) qui garantirait fermement le progrès social, à savoir l’essence de la République française. La question philosophique n’est pas indépendante de la question sociale ; les deux sont viscéralement liées. Un républicain ne peut s’affirmer anti-social ni claironner comme Cahuzac que la lutte des classes n’existe pas. 

La lutte des classes existe tous les jours, partout et tout le temps. Il appartient à la République de la régler. Sans quoi la République est un vain mot, et le socialisme aussi.

« La philosophie ne peut devenir réalité sans l’abolition du prolétariat, le prolétariat ne peut s’abolir sans que la philosophie ne devienne réalité. » (Karl Marx, Introduction à la philosophie du droit de Hegel.)